Avant même la pandémie de COVID-19, grâce aux avancements en technologie, l’importance de la prise
de décision éclairée par les données et axée sur les preuves a été soulignée sur plusieurs fronts. On
constatait sans cesse l’évolution rapide du secteur à but non lucratif canadien. Essentiellement, les
organismes à but non lucratif doivent composer avec une demande croissante pour leurs programmes
et services et des ressources limitées, notamment une pénurie de bénévoles et de fonds. Ces défis ne
sont aucunement anecdotiques. Ils sont confirmés par diverses données locales et nationales. Depuis
plusieurs années, les hautes directions et les équipes de gouvernance prennent des décisions en se
fondant sur des données quantitatives et qualitatives. De nos jours, cette approche se répand
verticalement et horizontalement dans le secteur afin d’assurer une meilleure adaptation à l’évolution
rapide des priorités.
Dans le présent article, les données mentionnées renvoient aux données que contiennent les systèmes,
les rapports et les dossiers des organismes. Il s’agit également des données communautaires relatives
au secteur à but non lucratif, ainsi que des tendances en matière de don et de bénévolat.
« La collectivité compte sur nous pour examiner la situation dans son ensemble en gardant à
l’esprit la réalité des différents groupes et organismes. »
D re Megan Conway, présidente et chef de la direction, Bénévoles Canada
Qu’est-ce que la prise de décision éclairée par les données et axée sur les preuves?
Dans le cas de la prise de décision éclairée par les données, des données brutes servent à guider la prise de décisions stratégiques. Quant à la prise de décision axée sur les preuves, elle permet d’interpréter des preuves empiriques en vue d’améliorer les connaissances. Pendant les périodes de changement rapide, la prise de décision éclairée par les données et axée sur les preuves dans le secteur à but non lucratif constitue une approche essentielle à la planification efficace des programmes, à l’élaboration de stratégies relatives à l’engagement des bénévoles, à l’élaboration de stratégies diversifiées relatives au développement des fonds, et à la durabilité du secteur.
Voyons leur importance.
1. Meilleure justification de l’appui
Prenons deux variables à titre d’exemples. L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE) de Statistique Canada relative au quatrième trimestre de 2022 souligne que 32 % des organismes participants ont enregistré une demande pour leurs services et que 65 % ont déclaré manquer de bénévoles. Quant au Rapport sur les dons de 2023 de CanaDon, il stipule que 40 % des organismes de bienfaisance ont enregistré une demande pour leurs services et que 55 % ont déclaré une baisse de leur nombre de bénévoles. En effet, les données révèlent une hausse de la demande pour les services des organismes à but non lucratif et une pénurie de bénévoles touchés par la pandémie. Si on ajoute à ces faits diverses données organisationnelles qui démontrent la capacité d’un organisme d’avoir une incidence positive, ces statistiques peuvent aider celui-ci à plaider en faveur d’un appui. Les données constituent effectivement une réflexion ponctuelle. Pourtant, les données recueillies cinq ans plus tôt, par exemple, sont également utiles pour illustrer les tendances du secteur d’une année à l’autre.
2. Programmes à grande incidence
Les données et les preuves révèlent les tendances et les résultats liés aux activités d’un organisme. Elles peuvent également faire ressortir des tendances externes qui influencent son incidence ultime. La prise de décision éclairée par les données et axée sur les preuves permet à un organisme de déterminer les stratégies et les tactiques les plus efficaces pour lui. De plus, elle l’aide à assurer le suivi de ce qui fonctionne ou non, de l’allocation des ressources et de son incidence communautaire. En même temps, le rythme rapide des changements exige une certaine capacité à faire preuve d’agilité et l’agilité comme telle exige une utilisation efficace des ressources, surtout lorsque celles-ci proviennent de la collectivité dans le but de desservir cette même collectivité.
3. Confiance de la collectivité
Les bénévoles, les donateurs et les parties prenantes des organismes à but non lucratif s’intéressent particulièrement à leur propre incidence dans leur collectivité. Ils veulent s’assurer que leurs contributions font une différence. Les organismes qui prennent des décisions éclairées par les données et axées sur des preuves sont plus susceptibles de gagner et de conserver la confiance de leur collectivité. Ils sont en mesure d’engager les parties prenantes de façon plus efficace en mettant en valeur leur engagement envers la transparence et la responsabilisation.
Le Rapport sur les dons de 2018 de CanaDon soulignait l’importance de la transparence pour renforcer la confiance des donateurs. Ces derniers aiment que les organismes partagent des rapports axés sur les données, car ils favorisent de solides partenariats à long terme.
4. Allocation efficace des ressources
Lorsque les ressources sont limitées – ce qui est souvent le cas dans le secteur à but non lucratif – il est essentiel de prendre des décisions éclairées concernant l’allocation des ressources. Les données et la prise de décision axée sur les preuves peuvent aider les organismes à déterminer où leurs ressources (notamment les bénévoles, les fonds et les dons en nature) auraient le plus d’impact.
La pandémie de COVID-19 a profondément ébranlé le secteur à but non lucratif. Toutefois, les organismes qui avaient adopté des pratiques éclairées par les données étaient mieux armés pour s’adapter à un environnement en évolution rapide. Plusieurs organismes canadiens de renforcement des capacités (p. ex., centres d’action bénévole et réseaux à but non lucratif) ont étudié l’incidence de la COVID-19 on sur la participation civique, notamment en recueillant des données sur les dons et le bénévolat. Les importantes conclusions tirées de ces études ont aidé le secteur à but non lucratif à réorganiser ses programmes, l’engagement de ses bénévoles et ses stratégies de développement des fonds.
5. Gestion du risque et responsabilisation
Les décisions éclairées par les données et axées sur les preuves contribuent à la gestion du risque en permettant de bien comprendre les occasions et les défis potentiels. De plus, comme le font les équipes de gouvernance depuis plusieurs années, les données et les preuves permettent d’évaluer une situation dans son ensemble en ce qui a trait aux finances et aux opérations. Elles assurent la responsabilisation des organismes en les aidant à respecter les règles, à adopter des pratiques saines, et à favoriser la confiance et la transparence avec les parties prenantes, les donateurs et le public.
6. Stratégie et innovation
Les données peuvent aider les organismes à but non lucratif à trouver des collaborations, des corrélations, des occasions et des publics cibles qu’ils croyaient hors de leur portée. L’établissement de nouvelles relations (ou de relations imprévues) et la recherche de solutions créatives peuvent mener un organisme à but non lucratif et sa collectivité dans de nouvelles directions stratégiques des plus intéressantes.
« À mesure que nous tentons de créer un mouvement de bénévolat au Canada par le biais d’une Stratégie nationale d’action bénévole, il est important de nous tourner vers les données et les preuves, et de nous en servir comme des boussoles plutôt que de simplement galérer. La collectivité compte sur nous pour examiner la situation dans son ensemble, en gardant à l’esprit la réalité des différents groupes et organismes. Les données et les preuves représentent bien plus que de simples informations. Elles montrent ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré. C’est pourquoi il est si important de déposer des données communautaires sur les bureaux des personnes qu’elles peuvent aider, » affirme Dre Megan Conway, présidente et chef de la direction de Bénévoles Canada.
Centre de données en ligne sur les dons et le bénévolat
Pour que les organismes gouvernementaux, philanthropiques et à but social puissent accéder aux données et aux rapports concernant la participation civique, Bénévoles Canada, en collaboration avec ses partenaires de projet (Imagine Canada, Association des professionnels en philanthropie et Professionnels en gestion de bénévoles du Canada), a créé un centre de données en ligne appelé le Centre canadien de connaissances sur les dons et le bénévolat. Ce centre rassemble des données et des rapports de différentes sources, notamment l’Enquête sur le don, le bénévolat et la participation (EDBP), le Compte satellite des institutions sans but lucratif et du bénévolat et l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE) de Statistique Canada. Vous n’avez qu’à consulter son site et à explorer les histoires relatives aux données et diverses autres ressources.
Centre canadien de connaissances sur les dons et le bénévolat : www.donetbenevolat.ca
En conclusion, la prise de décision éclairée par les données et axée sur les preuves dans le secteur à but non lucratif du Canada est plus que jamais essentielle en cette ère postpandémique. Elle permet de mieux justifier un appui, de favoriser l’incidence positive, d’améliorer l’engagement, d’optimiser l’allocation des ressources, de gérer le risque, d’assurer la responsabilisation des organismes et d’aider les organismes à emprunter de nouvelles directions stratégiques, tout en continuant d’avoir une incidence considérable sur les collectivités. Pour aider le secteur à prendre des décisions éclairées par les données et axées sur les preuves, le Centre canadien de connaissances sur les dons et le bénévolat présentent les données nécessaires à la création d’un engagement axé sur les données.
Références :
- CanaDon (2023). Rapport sur les dons 2023. canadahelps.org
- CanaDon (2018). Rapport sur les dons 2018. canadahelps.org
- Centre canadien de connaissances sur les dons et le bénévolat : www.donetbenevolat.ca
- Statistique Canada. Tableau 33-10-0617-01 Bénévoles et défis que doivent relever les entreprises pour recruter et maintenir en poste des bénévoles, quatrième trimestre de 2022